Les dictionnaires adoptent de nouveaux mots

Plus ça change

Une grand-mère dit à sa petite fille: ” Si tu me donnes un “schmutz” (un baiser), je te donne un “bredele” (gâteau alsacien) “.

Ce dialogue est-il entendu dans l’Alsace profonde où le “globish” (anglais au vocabulaire limité) n’est pas forcément d’usage mais le mélange de langue régionale et française, oui? Et bien, non, c’est désormais un dialogue on ne peut plus français puisque nous sommes “cadeautés” (faire cadeau) de ces nouveaux mots dans l’édition 2019 du Petit Larousse et du Petit Robert, les deux principaux dictionnaires du monde francophone, qui sortent en librairie ce mois de mai. Au total 200 nouveaux mots, locutions et expressions se glissent dans Le Petit Robert alors que Le Petit Larousse y introduit 150 nouveautés sans pour autant en éliminer le même nombre, car le “toilettage” ne se fait que tous les dix ans, c’est pourquoi le mot “minitel” y est toujours encore présent alors que l’objet est remisé au fond des greniers depuis longtemps.

On ne peut que se réjouir du dynamisme de ces deux dictionnaires, véritables baromètres de la langue qui tournent le dos à l’académisme pour se tourner vers les langues régionales et la francophonie et en adopter des mots et expressions. La Suisse nous apporte un “biscôme” (pain d’épices), “azorer” (gronder), le Québec la “douillette” (duvet) ou le “pet-de-sœur” (pâtisserie du Canada) etc.

Les nouvelles technologies ne sont plus forcément le moteur des néologismes, il y a bien “gameur” (passionné de jeux vidéo) mais la langue est vivante, drôle voire coquine car au lieu de s’embrasser on peut “se boujouter”, “poutouner” ou “se faire péter la miaille”. La gastronomie, au goût du jour, est pourvoyeuse de nombreux mots, les uns déjà bien ancrés comme le “ristretto” ou la “focaccia” mais il y a aussi le “tangelo” (un agrume), la “mique” (plat d’Aquitaine) ou le “cromesquis” (boulettes au fromage) qui peuvent convenir au “flexitarien” (qui limite sa consommation de viande).

La politique est également une source d’inspiration puisque le “hacktivisme” (activisme numérique) mis au service de la “post-vérité” pourrait bien entraîner le “dégagisme” (rejet de la classe politique en place) chez les électeurs qui prendront, néanmoins, garde à l’implantation d’une “démocrature”  (une démocratie dirigée de façon autoritaire). Ces deux dictionnaires ne négligent pas non plus les “europhobes”, les “complotistes”, les “zadistes” (militant de ZAD, zone à défendre, une forme de squat à vocation politique).

La sortie en librairie de ces deux dictionnaires provoquera des commentaires dans la presse, je vous conseille de les lire car ils seront, sans aucun doute, juteux à point. En attendant je vous renvoie à cet article qui a largement inspiré ce bref inventaire des nouveaux mots.

Mais ne ratez surtout pas la liste des mots nouveaux de l’Académie française, vous découvrirez que même cette noble institution (fondée en 1635) ne résiste pas à intégrer quelques termes qualifiés de vulgaires, populaire ou argotiques, eh oui!

Alors pourquoi ne pas finir avec un “émoticône” pour marquer notre satisfaction? 🙂

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About Claude Carcenac

Fa 30 anys que viu a Catalunya i 15 que treballa a la UVic-UCC. És especialista en història de les religions i autora, entre altres, dels llibres "Coneguem l’islam" i "El cristianisme: una mirada serena", publicats per Eumo.
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